1-3 FÉVRIER 2007 « Les universités et leurs marchés »
Présentation
Du 1er au 3 février 2007 se tiendra la première conférence internationale du RESUP intitulée « Les universités et leurs marchés », organisée en partenariat avec le CSO (CNRS et Sciences Po).
Présentation de la conférence
Le monde universitaire a toujours été traversé par des compétitions et de la concurrence, mais ces phénomènes sont aujourd’hui plus accentués, mais aussi plus visibles et plus sensibles. Cela est lié notamment à la raréfaction des financements publics étatiques, à la stagnation, voire à la décroissance, des publics étudiants traditionnels, ou au nombre élevé de candidats à une carrière scientifique qui ne trouvent pas les emplois auxquels ils aspiraient.
Mais plus que la course aux moyens, c’est aussi la transformation des dispositifs d’allocation et de gestion des ressources qui participe de cette dynamique. Le recours croissant à des mécanismes incitatifs, à l’évaluation des résultats obtenus plutôt qu’à celle des objectifs et des projets, à l’exigence de rendre des comptes, à la fixation et au respect d’échéances imposées par des acteurs extérieurs à la communauté universitaire, au suivi analytique des recettes et des dépenses, etc. modifie le contenu de l’activité des universitaires et des chercheurs comme la nature des contraintes qui pèsent sur eux : autrefois essentiellement réglementaires et bureaucratiques, elles sont aujourd’hui plus comptables et économiques.
Ces deux premiers facteurs ne sont sans doute pas sans lien avec la requalification (certes controversée) à laquelle sont soumis les « produits » de l’enseignement supérieur et de la recherche. Alors qu’ils étaient jusqu’à très récemment regardés essentiellement comme des biens publics, cette caractérisation est actuellement remise en cause. Certains considèrent – en particulier du côté des économistes, mais ces arguments se retrouvent également dans les politiques publiques de certains pays – que les avantages apportés par l'enseignement supérieur à la collectivité sont faibles par rapport à ceux qu'il procure aux individus qui en bénéficient, ce qui justifie alors selon les tenants de ces thèses, l’abandon de la gratuité de l’enseignement supérieur et de la prise en charge intégrale de ses coûts par les autorités publiques. L’importance accordée aux liens entre recherche et innovation comme moteurs de la croissance économique conduit par ailleurs à protéger l’accès à la connaissance par des droits de propriété intellectuelle (licence, brevets, etc.) qui génèrent des revenus à ceux qui en sont à l’origine (ou à leur institution) et qui encouragent leur exploitation industrielle en limitant leur accessibilité. Bref, enseignements et résultats scientifiques sont plus souvent que par le passé considérés comme des biens privés auxquels peut être attribuée une valeur marchande.
Enfin, les espaces de référence pertinents des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche se sont étendus et multipliés. Alors que le 19ème et une bonne partie du 20ème siècle ont abouti à la constitution de systèmes nationaux ayant chacun des caractéristiques propres, le passage au 21ème siècle est marqué dans de nombreux pays, et notamment ceux qui avaient une forte tradition universitaire nationale, par la prise de conscience d’une certaine inadéquation du territoire national comme espace de référence et de pilotage de ce secteur. Derrière cela se profilent non seulement une intensification des échanges entre chercheurs/universitaires de différents pays, échanges qui ont une longue antériorité, mais aussi une modification de leur espace privilégié de coopération (les collègues partenaires des projets de recherche ne sont plus seulement ceux du territoire national, mais aussi, voire surtout, ceux des pays voisins), une reconfiguration de leur espace « naturel » de recrutement des étudiants (pour l’étendre par exemple à l’ensemble des pays signataires du processus de Bologne, ou bien, au contraire, pour le recentrer sur le territoire et les besoins locaux), une évolution de l’espace de diffusion de leurs travaux scientifiques vers des langues et des revues étrangères, une extension de l’espace de référence pour le déroulement des carrières (pour qu’il ne soit plus seulement celui de l’établissement où l’on a fait sa thèse, mais dépasse les frontières)… Il n’y a donc pas substitution d’un territoire pertinent à un autre, mais plutôt multiplication pour l’ensemble des universitaires/chercheurs (et pas seulement pour une petite élite) des espaces pertinents qui peuvent ainsi être locaux, régionaux, nationaux, européen ou supra-nationaux.
Les lieux où se déroulent les mises en concurrence, le volume et la nature des ressources disponibles, les caractéristiques des dispositifs d’allocation et de gestion de ces dernières, la requalification de l’enseignement supérieur et de la recherche, sont autant de facteurs révélateurs de la transformation de la forme et du contenu de la compétition au sein et entre les systèmes d’enseignement supérieur et de recherche : d’essentiellement scientifique et liée en priorité à des formes de reconnaissance symbolique et réputationnelle, elle devient également marchande et de plus en plus indissociable de processus de valorisation, y compris monétaire.
Plus précisément, des contributions ont été sollicitées, en juin 2006, sur les quatre thématiques qui suivent :
- Le marché des ressources, ou la transformation des modèles de financement de la recherche et de l'enseignement universitaires.
- Le marché des universitaires : d'un marché de professionnels à un marché de « travailleurs »universitaires ?
- Le marché des étudiants : des héritiers aux clients ?
- Les universités, acteurs du marché : entre benchmarking, rating et ranking...
Publication
European Journal of Education, vol. 43, 3, septembre 2008.