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Soutenance de thèse

Sidonie Rancon, candidat au doctorat de sociologie
Quand ? Le 08/11/2019,
de 13:45 à 17:00
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La soutenance de ma thèse de doctorat en sociologie de Sidonie Rancon aura lieu le vendredi 8 novembre à 13h45 au 86 rue Pasteur, 69007 LYON, Amphi Benveniste, Université Lumière Lyon II (campus des Berges du Rhône, bâtiment H). Tram T1, arrêt « quai Claude Bernard » ou Métro ligne B, arrêt « Jean Macé »).

La thèse, intitulée « Les territoires en mouvement de l’action publique éducative : imaginaire social, pratiques et identités pédagogiques. Exploration dans les méandres de la réforme des rythmes scolaires (2013-2017) » a été réalisée sous la direction de Daniel Frandji (UMR 5206 Triangle, membre du comité de pilotage de l'UMS LLE) et au sein de l’Université Lumière Lyon II.

Cette thèse, inscrite dans le champ de la sociologie et des sciences sociales de l'éducation, porte sur le déploiement et la mise en œuvre des Projets Éducatifs de Territoire (PEdT) qui ont en France accompagné la dernière réforme dite des Rythmes scolaires impulsée par la loi de Refondation de l'école de la République (2013-2017).  Si la réforme des rythmes s'est essayée, non sans difficultés, à déconcentrer les temps éducatifs organisés par et autour du fonctionnement de l'école primaire, la mise en place des PEdT s'est présentée comme un instrument de coordination de l'action éducative locale dont le pilotage a été en grande partie accordé aux municipalités. Celles-ci ont ainsi vu se renforcer et s'accroître leur responsabilité en matière d'éducation (jusqu'à, pour certains, parler de possibilité de construction de véritables « politiques locales d'éducation »). De ce fait, là où la réforme des rythmes a été au centre de vives controverses qui ont monopolisé le débat public autour de la seule organisation du temps scolaire hebdomadaire, notre recherche montre en quoi celle-ci met en jeu de plus vastes questions – bien peu débattues et visibilisées – relatives aux dynamiques contemporaines de transformations des frontières, des modes de régulation, des pratiques, des attentes, des contenus et des visées de l'action publique éducative, et ainsi des « identités pédagogiques » (Bernstein, 2007) (du  type d'individu et de société) que notre collectivité s'attache à promouvoir.

Au niveau empirique, cette recherche s'est appuyée sur une enquête basée sur une méthodologie mixte de recueil de données en trois volets, comprenant 1) un travail d'analyse d’archives, ainsi que de divers instruments, textes et documents nationaux et locaux  portant sur la réforme considérée ; 2) la réalisation d'une centaine d'entretiens (élus, techniciens des collectivités locales, coordinateurs périscolaires, animateurs et acteurs associatifs, enfants, conseillers pédagogiques, inspecteurs de l'Éducation nationale et professeurs des écoles) ; ainsi que 3)  plus de 300 heures d'observation de diverses réunions d'organisation, de dispositifs de participation et de séances d'animation. Pour les entretiens et l’observation, l’enquête s’est principalement réalisée sur trois territoires de France métropolitaine. Dans ce travail, nous avons accordé une place importante à l’analyse des pratiques des acteurs en situation, notamment les associations d’éducation populaire qui ont soutenu le déploiement de ces projets, sur les scènes « locales » et « nationales ». Ancrée dans une approche dynamique et relationnelle des phénomènes sociaux, cette enquête engage une analyse à la croisée de deux champs de recherche qui ont jusque-là rarement été mobilisés ensemble : l'analyse de l'action publique et la sociologie du curriculum et de la pédagogie. Ceci nous a semblé pertinent pour parvenir à décrire et questionner logiques et jeux sociaux complexes – engageant des instruments, des objets, des discours et catégories – par et avec lesquels se redéfinissent, dans l'imprévisibilité et le « vague » des situations (Livet & Nef, 2009), les normativités de l'action publique éducative. Mais aussi et par la même pour contribuer à ouvrir la consistance de ce qui peut ainsi se désigner comme « action publique », à réviser les problématiques du changement institutionnel et social en matière d’éducation, ainsi enfin qu’à reformuler la réflexion sur la syntaxe éducation/ démocratie.

Ainsi, sur un premier plan, l’analyse des modes de régulation et plus largement la « fabrique » de ces politiques publiques – ancrée dans les principes de la « participation citoyenne » – nous a permis de montrer en quoi les « temps » de la mise en œuvre de cette réforme ont pu contribuer à redéfinir les enjeux et finalités dont on a pu initialement la créditer, au cœur d'une politique visant à favoriser l'égalité scolaire. Par ailleurs, l'approche et les langages de description de l'analyse bernsteinienne (Bernstein, 2007) ont ici été mobilisés de manière originale pour décrire les contenus et les formes d'action « pédagogiques » réalisées par des animateurs et intervenants (dans les temps périscolaires ou scolaires), dans ces projets. Sur ces bases, la thèse rend compte de la manière dont le déploiement et la mise en œuvre de cette réforme l’inscrit dans une dynamique de mouvements pluriels qui engagent, non sans vives tensions, le devenir de l’action publique éducative : nouvelles modalités d’action de l’État, brouillage des frontières public/privé, emprise croissant du raisonnement gestionnaire et de tout un secteur de l’expertise et de la consultance en fort développement. Elle montre surtout en quoi et comment ces mouvements accompagnent l’émergence d’une nouvelle « grammaire éducative » marquée par le renforcement d’une logique de responsabilisation individuelle aux tournures « capacitaires » qui obscurcissent les enjeux de justice et les visées émancipatrices pouvant être attendues en ce domaine. Comme une énième « évolution pédagogique » (Durkheim, 1938), solidaire de bien d’autres transformations, rivalisant avec d’autres possibles dont il conviendrait de renforcer la connaissance.

 

 

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