Déjouer les pièges de la collaboration interdisciplinaire
Pourquoi cet atelier ?
Le laboratoire de l’éducation (LLE) finance des projets interdisciplinaires entre les instituts CNRS, mais plus souvent à l’intérieur de l’INSHS. Au sein de la communauté Science of Team Science, K. Lund a tissé une collaboration avec les responsables du Toolbox Initiative à Michigan State University.
Lors de nos journées scientifiques, elle a mis en place des ateliers qui avaient pour objectif d’expliciter les positions épistémologiques des chercheurs de manière à conscientiser des habitudesde travailler qui pourraient devenir obstacles à la collaboration avec des collègues de traditions différentes.
Probing statements 2021
Au cœur de ses ateliers se trouve les probing statements, énoncés indiquant une prise de position forte (‘il faut…’, ‘…toujours…’) mais aussi des termes vagues ou ambigües. Le contenu porte sur sa vision de la recherche et comment la faire (e.g. identité, valeurs, principes, croyances, communication, méthodologies, productions scientifiques, partage avec les acteurs socio-économiques…).
En 2021, quatre groupes interdisciplinaires du LLE ont discuté 4 probing statements :
- Groupe 1 : Les approches de recherche qualitatives et descriptives donnent la possibilité de documenter en détails des comportements et sont plus utiles que les approches quantitatives. (Discussion)
- Groupe 2 : Evaluer l’efficacité d’une approche pédagogique consiste à déterminer si elle permet d’améliorer la réussite scolaire des élèves. (Discussion)
- Groupe 3 : Expérimenter signifie « planifier très soigneusement une étude et sa méthodologie afin que ses conclusions soient les plus nettes possibles, et dépourvues de biais et d’ambiguïtés. (Discussion)
- Groupe 4 : La recherche en éducation doit permettre une transformation des pratiques pédagogiques. (Discussion)
Enfonçons-nous des portes ouvertes ?
Il parait évident que la problématisation des questions de recherche et la démarche même des chercheurs s’appuient sur un ensemble de présupposés épistémologiques. Ces ensembles ne sont pas forcément partagés par tous les chercheurs d’une même discipline puisqu’il s’y trouve pléthore de cadres et d’approches, souvent en compétition, précisément puisque les épistémologies sous-jacentes sont incompatibles. C’est donc très rare de monter des projets impliquant des domaines variés en sciences humaines et sociales et de se retrouver entre collègues avec les épistémologies complétement alignées du début à la fin d’un travail de recherche. Alors si nous avons entrepris ce travail de réflexion, c’est pour aider les chercheurs financés par le Laboratoire de l’Education à trouver plus rapidement où leur collaboration risque de rencontrer des obstacles, mais aussi à se rendre compte où ils peuvent trouver matière à intégrer leurs approches. CR de l’atelier 2022.