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Esprit d’entreprise et esprit gestionnaire à l’école

Nous avons le plaisir de vous inviter au premier séminaire qui ouvrira le cycle des « Rencontres du LLE », avec une double intervention de Lucie Tanguy (directrice de recherche honoraire au CNRS) qui viendra nous présenter son dernier ouvrage et de Christian Maroy (Professeur à l’Université de Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les politiques éducatives), sur une étude en cours. La discussion sera animée par Daniel Frandji (ENS de Lyon, Triangle, IFE, LLE) et Paul Sabourin (Université de Montréal).
Quand ? Le 13/12/2016,
de 10:00 à 13:00
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Lucie Tanguy : Enseigner l’esprit d’entreprise à l’école  (Ed. La Dispute, 2016). Dans un contexte de montée du chômage, l’école se trouve accusée d’inadaptation aux changements économiques et culturels, et sommée de remédier aux difficultés d’insertion professionnelle des jeunes. En tête de file de ces accusateurs, les dirigeants des grandes entreprises et leurs organisations professionnelles qui revendiquent d’intégrer la communauté éducative. Ils s’emploient à montrer que l’État qui a, de longue date, incarné l’intérêt général, n’est plus en mesure de le faire. La décentralisation, l’intégration européenne, la crise économique ont, depuis les années 1980, bouleversé l’héritage des débuts de la IIIe République et permis d’installer de nouveaux modes d’administration construits en partenariat. Sous des formes diverses, encore limitées en nombre, l’entrée des entreprises dans l’école échappe au débat public et, de ce fait, reste méconnue y compris pour les enseignants. La vaste enquête restituée dans cet ouvrage montre la mobilisation des milieux économiques et politiques en cours, en France et en Europe, pour promouvoir un régime appelé « entreprenariat » qui affiche le modèle de l’entrepreneur comme figure de l’individu et du travailleur moderne à former : motivé, dynamique, « flexible » et responsable de soi.

 

Christian Maroy : La nouvelle gestion publique en éducation au Québec : l’autonomie professionnelle des enseignants à l’épreuve d’une nouvelle gestion de la pédagogie. Depuis 2008, la politique de « gestion axée sur les résultats » (GAR) du gouvernement québécois s’est traduite dans les Commissions scolaires (CS) par des stratégies d’institutionnalisation d’outils statistiques ou d’accompagnement professionnel qui ont permis le développement de ce que nous appelons une gestion de la pédagogie. Les gestionnaires appuyés par divers professionnels (analystes statistitiques, conseillers pédagogiques) visibilisent, évaluent et régulent certaines pratiques pédagogiques des enseignants, car elles sont associées aux redditions de compte que l’école ou la CS doit faire sur son efficacité par rapport à des cibles ministérielles. Nous montrerons également comment ces stratégies affectent l’autonomie de décision ou de réflexion des enseignants et le type de réponses faites par les enseignants à ces pressions institutionnelles. Basé sur une sociologie de l’action publique et des groupes professionnels, cet exposé s’enracine dans une étude qualitative des logiques de mise en œuvre de la GAR et sur des entretiens auprès d’enseignants d’établissements secondaires.

 

Les rencontres du LLE sont organisées par l’UMS 3773 le « Laboratoire de l’éducation » http://lle.ens-lyon.fr. Elles entendent renforcer le débat sur des thématiques issues d’études actuelles portant sur l’éducation dans une perspective interdisciplinaire, en lien avec les projets soutenus par l’UMS et ses différents axes de travail. Cette première séance s’inscrit ainsi dans le programme de « L’atelier  exploratoire sur les espaces éducatifs hybrides » soutenu par le LLE (dont Laurent Veillard, LLE, ICAR, est le porteur) ainsi que dans celui d’un projet comparatif franco-québecois sur les politiques éducatives localisées, financé par la Région Rhône Alpes (COOPERA).