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Pratiques d'enseignement féministe (Projet 2019)

Transformer les expériences en savoir. Reproductibilité des expériences et circulation des pratiques d'enseignement féministe à l'université.

Ce projet part d’une nécessité et d’une expérience pratique. En effet en juin 2018, nous (Rachele Borghi, Julie Coumau, Emilie Viney) avons organisé, dans le cadre de la Biennale de Géographie Féministe (Sorbonne Université), un atelier qui portait le titre « Nos pratiques en pratiques ». Il s'agissait de créer un espace de partage matériel de documents et de modules d’enseignement, qui permettait de reproduire des expériences d'apprentissage féministe au sein de l'Université. Le succès de l’atelier nous a amenées à proposer un autre atelier dans le cadre du colloque sur les pédagogies de l’émancipation (ESPE, Paris, juin 2018). Ce deuxième atelier était centré sur les outils de diffusion du savoir scientifique, et sur le dispositif de restitution performative des recherches. Les retours de ces expériences et les échanges avec des collègues de disciplines différentes ont révélé un consensus concernant la besoin de renouveler les méthodes pédagogiques, notamment dans l’enseignement supérieur. Ce souci n'est pas cantonné aux épistémologies féministes, comme le montrent les expérimentations en terme de pédagogies innovantes, les créations d'écoles, la mise en place des forum de discussion ou de réseaux et journaux en ligne.

Malgré une large littérature existante en matière de pédagogies critiques, le sentiment partagé par les participant.e.s aux ateliers était le manque d’outils permettant aux enseignant.e.s du supérieur de s’approprier ces pédagogies et de les mobiliser concrètement dans des classes universitaires. L’espace de l’apprentissage - la salle de classe - véhicule une injonction à rester dans une dynamique d’apprentissage frontal, dans une verticalité de la relation enseignant.e/apprenant.e, empêchant la circulation des savoirs et de pratiques de manière horizontale. Du même coup, les expérimentations de pédagogies féministes et de l’émancipation restent assez isolées et trop peu diffusées. Nous pensons que, pour pallier l’isolement de certain.e.s enseignant.e.s dans leurs institutions respectives, il est nécessaire de faire circuler les pratiques, les expérimentations, les activités dans l'université et transformer ces expériences en savoirs.

Ce projet se propose donc de créer un espace de réflexion et d’élaboration qui permettrait de concilier théorie et pratique. Nous proposons de mettre en place une équipe de recherche interdisciplinaire dans le but de croiser différents regards sur des situations observées au sein de salles de classe dans le milieu universitaire. Nous allons prendre comme cas d'étude des enseignements à l’intérieur de la licence et des master de géographie à Sorbonne Université.

Nous voulons créer un espace de débat et d’échange pour les différents membres de l'équipe à travers des rencontres qui auront lieu tous les deux mois au LLE. Notre objectif est d’arriver, en une année, à constituer une archive de matériaux pédagogiques, constitués à partir de données de terrain commentées et théorisées. Il s’agira de faire de chaque atelier une plateforme de création, mais aussi de production creative de savoirs.

 

Axes de recherche

 

Le projet va s’articuler autour de 3 axes :

Axe 1: concerne le processus d’enseignement/apprentissage tel qu’il est vécu par les enseignant.e.s et apprenant.e.s à l’intérieur de l’espace de la classe. L’enjeu est de réfléchir avec les étudiant.e.s au processus d’apprentissage d'une discipline à travers, dans notre cas, la géographie, notamment à travers la réalisation en licence d’un projet collectif en TD, qui consistera en la création de jeux de société de géographie, les « Geux de la Géo », qui seront réalisés en empruntant des pratiques au domaine de l’art, et en valorisant les compétences et savoir-faire individuels des étudiant.e.s. L’année dernière, des BD ont été réalisées en TD, résultat d’un arpentage des savoirs, méthode de l'éducation populaire et innovante au sein de l’université, qui vise à la réappropriation des savoirs par les apprenant.e.s.

Axe 2 : porte sur le processus de restitution des activités réalisées en classe de façon non conventionnelle et des expérimentations de diffusion. L’apprentissage critique nécessite de réfléchir à une diffusion des savoirs qui ne reproduise pas l’élitisme du savoir académique. Un des enjeux est notamment de montrer comment la tentative de se faire comprendre est un enjeu politique. Nous réfléchirons aux enjeux de la diffusion des résultats de la recherche à travers la création collective en master 2 d’un produit artistique théorisé qui sera mis en scène les 23 et 24 février au Local, à Belleville (Paris).

Axe 3 : concerne la réflexion sur la relation apprenant.e/enseignant.e, notamment à travers la question de la légitimité. L’idée est de travailler à la création d’un espace de discussion permettant aux enseignantes de partager leurs résistances résultant de l’intériorisation des normes de l'enseignement traditionnel peur d'être délégitimées et marginalisées.

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